Premières mesures de plastiques dans les grands fonds en Méditerranée

Une nouvelle étude parue analyse pour la première fois les déchets marins et les micro-plastiques se trouvant jusqu'à 2200 m de profondeur en Méditerranée.

L'équipe regroupant des scientifiques français, monégasques et italiens ont conclu que les grands fonds sont des zones d'accumulation importante de nos déchets, avec un impact marqué sur la faune.

Les mesures ont eu lieu en septembre 2018 grâce au submersible Victor 6000, à bord du navire Atalante de la Flotte océanique opérée par l'Ifremer. Concentrées sur une zone à cheval entre la France, Monaco et l'Italie et comprenant sept canyons sous-marins et des monts plus au large dans la plaine abyssale, c'est la première fois que des mesures aussi précises sont réalisées à de telles profondeurs en Méditerranée, avec des vidéos proches du fond et des prélèvements dans les sédiments.

Les résultats montrent une forte accumulation de plastique d'origine urbaine. Ces déchets sont dominés par le plastique et les canyons jouent un rôle de conduit, les déchets descendant vers les grands fonds sous l'effet des courants marins. Plus au large, les déchets sont de nature différente, davantage liés à la pêche avec des lignes perdues ou des filets.

L'analyse des micro-plastiques a montré que tous les échantillons en contiennent à des teneurs significatives. 

"70% des déchets ont une interaction avec la faune vivant sur le fond : soit les espèces se servent des déchets pour se fixer et accroître leur zone d'habitat, soit elles sont victimes de blessures, d'étranglement, d'emmêlements. On ne s'attendait pas à un pourcentage si élevé." souligne Olivia Gérigny, chercheuse à l'Ifremer.

L'étude encourage d'accroître les efforts de prévention, car cette pollution est impossible à éliminer dans des environnements aussi inaccessibles.

"Le milieu marin profond mérite d'être plus étudié en termes d'impacts des déchets, car les déchets sont nombreux et les impacts significatifs. 95% des déchets marins finissent sur le fond, la pollution de surface n'est que la partie émergée de l'iceberg." rappelle François Galgani, chercheur à l'Ifremer spécialiste des plastiques.

La meilleure solution pour lutter contre la pollution plastique reste la prévention.
L'article scientifique publié le 10 juin (en anglais) dans la revue Nature Sustainability offre le bilan le plus complet à ce jour sur le cycle des déchets en mer, avec la compilation de nombreuses bases de données (dont celles de l'Ifremer pour la France). Ce bilan confirme la prédominance des emballages alimentaires et des déchets de pêche dans les déchets marins. La proportion varie en fonction des régions du monde, elle est plus marquée par les plastiques alimentaires dans les pays en développement, et par les engins de pêche dans les pays industrialisés.

 

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