Bilan de la COP27 Climat

La 27ème Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s'est tenue du 6 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte.

Contexte :

Ce rendez-vous international fait le lien entre la COP26 de Glasgow (Royaume-Uni, 2021), qui a finalisé les règles d'application de l'Accord de Paris, et la COP28 de Dubaï (Émirats arabes unis, 2023), qui tirera un premier bilan mondial de l'action climatique.

La COP27 doit répondre à quatre grands enjeux :

  • Atténuation des émissions : le constat du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son 6ème rapport (volume 3, avril 2022) est alarmant. Même si les engagements actuels de tous les pays du monde sont respectés d'ici 2030, l'objectif de réchauffement global de 1,5°C reste hors de portée et celui de 2°C nécessitera une réduction drastique des émissions de tous les gaz à effet de serre d'ici 2030. Le Pacte de Glasgow sur le climat adopté à l'issue de la COP26 a déjà exhorté tous les pays dont la trajectoire de réduction des émissions n'est pas compatible avec les objectifs de l'Accord de Paris à présenter une nouvelle contribution déterminée au niveau national (CDN) avant fin 2022. Dans la continuité, l'objectif pour la COP27 sera d'établir un programme de travail sur l'atténuation robuste et d'obtenir une ambition climatique renforcée des pays les plus en retrait, en particulier parmi les grands émetteurs.
  • Adaptation au changement climatique : Organisée sur le continent africain par l'Égypte, cette 27ème Conférence accordera une priorité élevée à l'adaptation, en particulier l'objectif mondial d'adaptation (Global Goal on Adaptation, GGA). Cet objectif qualitatif, qui concerne toutes les Parties, consiste à renforcer les capacités d'adaptation, à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire la vulnérabilité. C'est la COP26 qui a décidé d'établir un programme de travail de deux ans (2022-2023) sur le GGA afin que les Parties puissent partager leur compréhension de cet objectif global et comment progresser vers son atteinte.
  • Financements pour le climat : les pays développés se sont engagés, dès 2009 et de nouveau en 2015, à mobiliser 100 milliards de dollars par an de financements pour l'action climatique dans les pays en développement pour la période 2020-2025. La COP27 devra restaurer la confiance des pays en développement envers les pays développés, les premiers rappelant souvent la non-atteinte de cet objectif collectif des seconds et demandant davantage de financements, notamment pour l'adaptation. Par ailleurs, la COP27 devrait permettre d'avancer sur l'opérationnalisation de l'article 2.1c de l'Accord de Paris, qui vise à aligner l'ensemble des flux financiers vers un objectif de neutralité carbone.
  • Pertes et préjudices : l'un des objectifs de la COP27 est de faire progresser les discussions sur les pertes et préjudices dans un contexte de fortes attentes des plus vulnérables et de la société civile. La France s'inscrit dans cet objectif et renforce sa mobilisation sur l'ensemble du continuum d'activités pertinentes en la matière, que ce soit l'adaptation, la mise en place de systèmes d'alertes précoces, avec des initiatives telles que CREWS (initative sur les systèmes d'alerte précose aux risques climatiques), la réduction de risque de catastrophe, l'aide humanitaire, le soutien aux systèmes assurantiels. Un renforcement et une meilleure coordination des actions relatives aux pertes et préjudices est essentielle. La France soutient le réseau de Santiago, créé à la COP25, et le bouclier global contre les risques climatiques développé par la présidence allemande du G7 et le V20.

Bilan :

En réaction à ces quatre enjeux auxquels devait répondre la COP, les négociations ont porté sur les points forts suivants :

  • L'accord de Paris, signé en 2015 à la COP21, avait consacré l'objectif ambitieux de la limite du réchauffement climatique à +1,5°C. Ce chiffre est bien repris dans la déclaration finale mais aucun nouveau moyen n'est mentionné pour renforcer la crédibilité de cet engagement. En effet, les pays qui ne se trouvent pas sur cette trajectoire sont invités à mettre à jour leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre d'ici fin 2023.
    L'organisation des Nations Unies a récemment alerté sur la perspective d'un réchauffement climatique à +2,6°C, voire +2,8°C à la fin du siècle. Son secrétaire général a déclaré par ailleurs :

"Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant. Et c'est une question à laquelle cette COP n'a pas répondu."

  • Pour la première fois, les réparations réclamées aux pays riches, principaux responsables du réchauffement climatique, par les pays pauvres, principales victimes du dérèglement climatique, ont été inscrites à l'agenda de la COP. Les États Parties se sont entendus sur la création d'un fonds relatif aux pertes et dommages engendrés par le changement climatique. Une dizaine de pays (dont la France, l'Écosse, la Belgique, l'Allemagne, l'Irlande, l'Autriche, le Canada...) se sont engagés à verser 300 millions de dollars pour dédommager les pays vulnérables.
     
  • La décision finale de la précédente COP, tenue à Glasgow en 2021, avait été le premier texte à mentionner les énergies fossiles : "accélérer les efforts vers la diminution progressive de l'énergie au charbon, sans système de capture [de CO²] et des subventions inefficaces aux énergies fossiles." Le texte de la COP27 reprend mot pour mot la formule choisie à la précédente réunion.