Bilan de la COP28 sur le Climat
Du 30 novembre au 13 décembre 2023 s’est déroulée la 28ème réunion de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, à Dubaï. Cette année, la conférence était organisée par les Émirats arabes unis, qui ont assuré la présidence de la COP28.
Le plan d'action de la présidence visait à concrétiser les piliers de l'accord de Paris en se concentrant notamment sur l'accélération de la transition énergétique, la définition du financement de l'action climatique, le placement de la nature, des personnes, de la vie et des moyens de subsistance au cœur de l'action climatique.
Points à l'ordre du jour et avancées
Parmi les points à l'ordre du jour de la COP28, on retrouve la question du premier bilan mondial (global stocktake), du programme de travail sur le relèvement du niveau d'ambition en matière d'atténuation, les questions relatives à l'adaptation, au financement de l'action climatique, y compris des pertes et préjudices.
Alors que les Etats sont longtemps restés bloqués sur le sujet central de cette COP, à savoir le projet d'accord sur les énergies fossiles, d'autres thématiques ont réussi à aboutir, parmi lesquelles :
- L'opérationnalisation du fonds "pertes et préjudices" et les modalités de financement adoptées dès le premier jour de la Conférence. Cette avancée importante permet de venir en aide aux pays les plus vulnérables. La France a annoncé une contribution jusqu’à 100 millions d’euros à ce dernier ;
- La signature par plus de 120 pays d'une Déclaration sur le Climat et la Santé lors de la première journée entièrement dédiée aux enjeux de santé au sein d'une COP
La Conférence s'est achevée le 13 décembre, un jour plus tard que prévu, sur un accord concernant le premier bilan mondial (Global Stocktake), prolongement de l'accord de Paris, afin d'intensifier l'action climatique avant la fin de la décennie. Ce bilan évalue l'effet global des mesures prises jusqu'à présent en se concentrant sur trois aspects : l'atténuation, l'adaptation et le financement. Résultat central de la COP28, le bilan appelle les Parties à prendre des mesures pour parvenir, à l'échelle mondiale, à tripler les capacités en matière d'énergies renouvelables et à doubler les améliorations de l'efficacité énergétique d'ici 2030. La décision appelle également les Parties à « une transition vers la fin (« transitioning away ») des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ». L'option d'une sortie claire (« phase out ») des énergies fossiles conformément aux meilleures connaissances scientifiques disponibles n'a pas été retenue.
Les parties ont également adopté le cadre de l'Objectif Mondial en matière d'Adaptation, lancé la mise en œuvre du programme de travail sur les voies de transition justes et adopté un certain nombre d'autres décisions.
Beaucoup ont dénoncé l'absence d'une référence claire à l'élimination progressive des combustibles fossiles, mais également la faiblesse du langage sur le charbon et le méthane, ainsi que les risques associés aux combustibles dits de transition qui sont reconnus par la COP comme pouvant jouer un rôle pour faciliter la transition énergétique en assurant la sécurité énergétique (comme le gaz). La question du financement a été également délaissée interrogeant ainsi sur la mise en oeuvre concrète de l'accord, notamment pour les pays les plus pauvres.
Cependant, la France a salué le consensus obtenu sur la nécessaire sortie des énergies fossiles, avancée importante afin de permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et de respecter l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 1.5 degré fixé par l’Accord de Paris. Elle a également salué l’accélération des technologies bas carbone y compris les énergies renouvelables et le nucléaire.
Climat et biodiversité
La COP28 a été l'occasion de rappeler les liens étroits entre les crises du climat et de la biodiversité qui doivent être abordées conjointement. Pour ce faire, l'UICN a publié le 11 décembre lors de la COP28 une mise à jour de sa Liste rouge comprenant la première évaluation mondiale des poissons d'eau douce et mettant en exergue l'impact de l'exploitation forestière et du commerce illégaux sur l'acajou.
A l'occasion de la journée dédiée à la nature, aux terres et aux océans à la COP28, la France a porté des positions ambitieuses en matière de lutte contre le changement climatique et de préservation de la biodiversité. Cette journée a été l'occasion pour la France :
- D'officialiser le dépôt de sa stratégie nationale sur la biodiversité 2030 auprès de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique ;
- De lancer avec l'Union européenne un partenariat avec la République du Congo suite aux annonces « country package » faites le 2 décembre dernier à la COP28 par le président de la République. Ce partenariat d'un montant initial de 50 millions de dollars a pour objectif de soutenir les engagements de la RdC en faveur de la préservation des écosystèmes forestiers ;
- De participer à une réunion ministérielle de la coalition Ambition on Melting Ice que la France vient de rejoindre pour la préservation des pôles et des glaciers ;
- De préparer la Conférence des Nations Unies pour les Océans prévue à Nice en juin 2025.