Biodiversité Marine et côtière

La France occupe avec ses territoires d’outre-mer la troisième place mondiale en termes de superficie de récifs coralliens (55 000 km2), la seconde place en termes de domaine maritime et cela sur les 3 océans et les mers de la planète. Pour les écosystèmes et les espèces marines, la situation est préoccupante : coraux et algues sont, dans certaines zones du moins, en régression, et les communautés de poissons marins dans les eaux métropolitaines sont altérées et/ou dégradées.


Les habitats marins et côtiers sont en très grande majorité en état de conservation inadéquat ou mauvais, ce qui provient dans la plupart des cas à la fois d’une aire de répartition en régression, mais aussi de surfaces en diminution et d’une dégradation de leur fonctionnement.


Une évaluation de l’état de 53 stocks de poissons commerciaux dans le Golfe de Gascogne et dans l’ouest de la Manche a été réalisée par l’Ifremer en 2005, au regard de leur faible biomasse ou de leur taux d’exploitation élevé. Elle montre que dans le Golfe de Gascogne, 22% des captures proviennent de stocks en bon état, 62% de stocks en situation intermédiaire (leur biomasse peut être faible ou leur taux d’exploitation trop élevé), 16% de stocks en situation critique. En Manche Ouest, ces valeurs sont respectivement de 18%, 79% et 3%. Les extinctions marines sont liées à la surexploitation pour 55% d’entre elles, à la perte des habitats pour 37% tandis que le reste est lié à l’introduction d’espèces envahissantes, au changement climatique, aux pollutions et maladies.

De nombreux stocks de poissons marins dans les eaux métropolitaines sont altérés et 107 espèces marines sont inscrites sur la liste rouge des espèces menacées UICN. Parmi les espèces dont les stocks sont altérés, se rencontrent notamment l’anchois, le thon rouge en Méditerranée, le merlu ou encore la dorade rose et le grenadier de roche. Il faut préciser que 25 à 30% des captures des navires français sont réalisées dans les eaux françaises, 50 à 55% dans celles d’Etats membres de l’Union européenne, le reste dans celles d’Etats tiers. De même, des navires d’autres pays viennent pêcher dans les eaux françaises.

Les récifs présents dans les collectivités de l’outre-mer français couvrent 60.000 km2 (dont 55.000 dans le Pacifique) et les mangroves 1400 km2 (dont 950 en Guyane) soit respectivement 1/10 et 1/100 des surfaces mondiales. Par rapport à la situation mondiale, les récifs coralliens de l’outremer français sont relativement préservés par leur isolement océanique et des pressions démographiques moindres.

Comme pour l’ensemble du patrimoine naturel marin et de la biodiversité marine, la France occupe une place prépondérante en matière de biodiversité des mammifères marins en conséquence de l’étendue et de la diversité climatique et écologique des habitats inclus dans les zones sous juridiction nationale qui bordent les territoires métropolitains et d’outre-mer.

Environ la moitié de la biodiversité mondiale de ces espèces est présente dans ces habitats.

Une part importante de cette biodiversité est associée à l'outre-mer et résulte de l’immense diversité biogéographique que ces départements et territoires représentent.

Toutefois, dans le contexte européen, les eaux métropolitaines sont également remarquablement diversifiées dans le domaine des mammifères marins car elles rassemblent elles aussi, à cette échelle géographique, une grande diversité d’habitats : Mer du nord, Manche, Atlantique, Méditerranée, d’une part, domaines côtiers variés, plateau continental étendu ou au contraire étroit, talus continental et canyons sous-marins, habitats océaniques, d’autre part, sont inclus dans la Zone Economique Exclusive métropolitaine.

Vingt-huit espèces de cétacés et sept de pinnipèdes ont été répertoriées dans les eaux métropolitaines, alors que 13 et 2 espèces respectivement de ces deux catégories sont régulières ou permanentes dans nos eaux et constituent ainsi le coeur de cette faune mammalogique marine de métropole.

Les résultats de la directive Habitats, faune, flore exposés précédemment indiquent que les habitats marins et côtiers sont dans un état de conservation peu favorable. L'état de conservation des mammifères marins reste en grande majorité inconnu, les 20% connus sont dans un état favorable.

Les espèces du domaine méditerranéen sont dans un état de conservation mitigées. Pour les mammifères dont l'état de conservation est connu (3 sur 16), deux espèces sont dans un état de conservation mauvais : le Roqual commun (balaenoptera physlaus) et le Dauphin commun (delphinus delphis) et une espèce dans un état favorable, le Dauphin bleu et blanc (stenella coeruleoalba). Dans le domaine atlantique, l'état des espèces est mal connu excepté pour trois espèces dont l'état de conservation est favorable : Phoque gris (Halichoerus grypus), le phoque commun (Phoca vitulina) et le marsouin commun (Phocoena phocoena).

Tendances

La situation préoccupante des communautés de poissons marins perdure dans la plupart des cas: la stabilité de l’état des communautés du golfe de Gascogne et en Manche orientale en particulier, fortement impactées par la pêche et les activités humaines, cache une situation de dégradation déjà forte, sans recouvrement pour l’instant. Dans la plupart des cas, la structure des communautés se modifie avec l’apparition d’espèces plus petites au détriment des plus grandes, ainsi que dans certains cas une capture d’individus de plus en plus jeunes.

L’ICRI (Initiative Internationale pour les récifs coralliens) et l’IFRECOR (l’Initiative française pour les récifs coralliens) ont édité le bilan 2008 de l’état des récifs coralliens mondiaux ; selon celui-ci, 54% des récifs mondiaux sont menacés et parmi eux 15% risquent de disparaître dans les 10 à 20 prochaines années (essentiellement en Asie du Sud est, et dans les Caraïbes), et 20% de plus sont menacés de disparition d’ici 20 à 40 ans. Les récifs des Caraïbes sont les plus atteints comparativement à ceux de l’Océan Indien ; alors que ceux du Pacifique sont en relative bonne santé, situation générale et non spécifique aux collectivités française qui se trouvent dans ces océans. Le tableau de la page précédente donne des informations plus détaillées sur l’état des récifs dans l’outre-mer français et les causes éventuelles de dégradation.

Les principales menaces pesant sur la diversité biologique marines et côtières

Les menaces impactant la biodiversité marine sont nombreuses:

  1. l'urbanisation: La situation du littoral est préoccupante avec 60% des côtes françaises touchées par l'urbanisation des espaces naturels contre 39 % en 1960. 3400 hectares ont ainsi été artificialisés entre 1990 et 2000 dans une bande de 1km au bord du rivage.

  2. les effets du changement climatique commencent à se faire sentir: on constate notamment un remplacement des espèces à affinité tempérée froide par des espèces à affinité tempérée chaude dans le golfe de Gascogne ou en baie de Vilaine. Le réchauffement climatique est une menace majeure en outre-mer particulièrement pour les récifs coralliens : blanchissement des coraux et hausse du niveau de la mer.

  3.  les activités humaines qui s’exercent en mer (pêche, transport maritime, exploitation des ressources du sous-sol…), et leurs risques associés (pollutions accidentelles, notamment, ou destruction des habitats) sont des menaces conséquentes. Ainsi, les poissons côtiers, comme la sole en baie de Somme, sont soumis à une forte pression de pêche. Il faut aussi prendre en compte la conséquence d’activités terrestres comme le rejet en mer (notamment par les fleuves ou via l’atmosphère) de substances dangereuses produites par des activités terrestres : plus de 80% des pollutions en mer sont d’origine terrestres.

  4. de nombreuses pressions pèsent en effet déjà aujourd’hui sur les récifs coralliens, dont de nombreuses personnes dans le monde dépendent soit pour leur alimentation, soit pour leur activité économique. La dégradation des récifs actuellement observée est due essentiellement aux activités anthropiques, alors que les conséquences du changement climatique sont mineures,à l'exception de phénomènes extrèmescomme l'été 1998ou des cyclones particulièrement violents.
Biodiversité Marine et Côtière
Ecosystem type
Marine and coastal ecosystem