Publication du premier volet du sixième rapport du GIEC

Le GIEC a publié le lundi 9 août le premier volet de son sixième rapport, consacré aux éléments scientifiques les plus récents concernant l'évolution du climat.

"L'influence humaine a réchauffé le climat à un niveau sans précédent depuis au moins 2000 ans", alertent ses membres dans le sixième résumé pour les décideurs (disponible en anglais).

Ils rappellent que la température globale sur la surface de la Terre était plus chaude de 1,09°C entre 2011 et 2020 qu'elle ne l'était entre 1850 et 1900, avec une hausse plus importante au niveau des terres (1,59°C) qu'au niveau des océans (0,88°C).
Ainsi, entre 1901 et 2018, le niveau de la mer a grimpé de 20 centimètres, plus vite que lors de n'importe quel autre siècle depuis au moins 3000 ans.
Au nord, entre 2011 et 2020, l'étendue moyenne de la banquise en Arctique a atteint son plus bas niveau depuis 1850. La fonte des glaciers, quant à elle, a causé un recul de leur surface sans précédent depuis 2000 ans.
Concernant la concentration de CO² dans l'atmosphère, celle-ci est la plus élevée depuis au moins 2 millions d'années.

Alors que la capacité du monde à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle (l'objectif idéal de l'Accord de Paris) sera au centre des discussions de la COP26, le GIEC adapte ses scenarios à la hausse par rapport à sa précédente publication. Ce nouveau rapport comprend un plus large éventail de trajectoires d'émissions de gaz à effet de serre. Deux d'entre elles étudient les effets d'une hausse des émissions plus importante que précedemment, tandis que le scénario intermédiaire se concentre sur un maintien des émissions actuelles jusqu'en 2050 avant une baisse. La température pourrait alors augmenter de 2,1°C à 3,5°C d'ici à la fin du siècle, et de 3,3°C à 5,7°C d'après les pires trajectoires, par rapport à la période 1850-1900.

"C'est indiscutable, c'est un fait établi, les activités humaines sont à l'origine du changement climatique", a commenté la co-présidente du GIEC Valérie Masson-Delmote lors de la conférence de presse.

De nouveaux modèles et de nouvelles analyses et méthodes permettent de mieux comprendre l'influence humaine sur un éventail plus large de variables climatiques. Selon le rapport, il est ainsi "probable" que l'influence humaine ait contribué au schéma actuel des précipitations, "extrêmement probable" qu'elle ait induit les changements observés dans la salinité des eaux océaniques proches de la surface", "très probable" que l'activité humaine soit aussi à l'origine du recul des glaciers depuis les années 1990, de la fonte de la banquise en Arctique ou encore "extrêmement probable" que l'homme soit la cause principale du réchauffement de la couche supérieure des océans.

Alors que les émissions de gaz à effet de serre à l'origine du changement climatique sont toujours à la hausse, le groupe d'experts en décrit les conséquences futures. Vagues de chaleur, inondations, sécheresses, météo propice aux feux. Toutes les régions vont vivre plus de répercussions du changement climatique et certaines seront même irréversibles pour des siècles voire des millénaires, en particulier concernant la température des océans, la fonte des glaciers ou encore la montée du niveau de la mer.

"Certaines chaleurs extrêmes au cours de la dernière décennie auraient été extrêmement improbables sans l'influence de l'activité humaine sur le système climatique. Chaque 0,5°C additionnel cause, de manière bien visible, une intensification et une augmentation de la fréquence des extrêmes chaleurs [...], des fortes précipitations comme des sécheresses", note le rapport.

Le GIEC insiste sur le fait que le réchauffement à 1,5°C et 2°C va être dépassé pendant le XXIème siècle, à moins qu'une profonde baisse des émissions de CO² et des autres gaz à effet de serre ne se produise dans les prochaines décennies.
Comme solution, le rapport insiste sur la neutralité carbone à atteindre, c'est-à-dire arriver à un équilibre entre les émissions anthropiques et les absorptions de CO². Au sujet du budget carbone (une estimation de la quantité de CO² que l'humanité peut encore émettre avant de dépasser l'objectif des 1,5°C), le groupe estime qu'il ne faut pas aller au-delà d'environ 500 gigatonnes de CO².
La capture de carbone, permettant de retirer du CO² de l'atmosphère et de le stocker durablement dans les réservoirs, fait partie des solutions qui seront approfondies dans un autre volet de ce rapport dont la publication est prévue pour début 2020.

 

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l'état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et leurs stratégies de parade.
Depuis lors, le GIEC a établi cinq rapports d'évaluation multivolumes. Il a entamé son sixième cycle d'évaluation.

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